CHANSON ELECTORALE POUR LE BARON REILLE 1906

CHANSON ELECTORALE

 

POUR LE BARON REILLE

 

1906

 

 

 

PAR JEAN ESCANDE

 

 

 

Une chanson en languedocien, imprimée à Castres et aimablement communiquée par Monsieur Emilien Durand, ancien maire d’Escoussens, donne le ton des querelles électorales de 1906. L’auteur n’est désigné que par les initiales L. du M. et prend parti pour le baron Reille. La vignette centrale, dessinée par Pagés, représente « la Bouléguéto » sorte de danse-hésitation entre Henri Bés et Frédéric Milhau, à qui l’auteur taille un joli costume... Milhau est grand et maigre, Bés petit et bossu. Au-dessous, un cornemuseux en casquette souffle dans sa crabette montagnarde. Des paysans en bonnet dansent, pendant que « moussu Xaourés » en robe de chambre, médite quelque discours non loin de son château du Bessoulet, dont on voit une tour à poivrière. Ce qui nous indigne carrément, de nos jours, c’est de voir à quel point a pu être méconnue, dans son propre pays, cette extraordinaire gloire nationale.

 

 

 

Chanson Electorale

 

Aïré dal Gala de la Catin

 

 

 

BOULEN LE BAROU

 

 

 

Refrain : Boulèn lé Barou (bis),

 

Aquèl sara lé nostrè homè.

 

Boulèn lé Barou (bis)),

 

Reille, nostrè défensou.

 

 

 

1.

 

Citoyens sion coumboucat

 

Pér noumma un députat.

 

Bénés toutis escouta

 

La cansou qu’anan canta.

 

 

 

2.

 

Millau té rèbutès pas

 

Dé couratzé manqués pas

 

Sios soulidé qu’el Barou

 

Té fara mantza Mélou.

 

 

 

3.

 

A la Crambo pos pas ana

 

Né sabès pas prou parla.

 

A Bielmur demouraras

 

Toutzoun piotos paousaras.

 

 

 

4.

 

Té plagnén pla paouré Bès

 

Qué t’en bas tout de trabès

 

Per rembersa lé Barou

 

Sios encaro trop pitchiou.

 

5.

 

A l’embentari sios anat

 

Eros coumo un enratzat,

 

Amé tout ço pus boÿou

 

Pér assouma lé Barou.

 

 

 

6.

 

Messourgos as dégulat

 

Né séras récoumpensat.

 

Dius sara pas estounat

 

S’as un buréou de tabat.

 

 

 

7.

 

Lé bestou qué cargaras

 

Sur ta malo lé mettras.

 

Sé per hasart ba pas pla

 

Caraguel l’adoubara.

 

 

 

8.

 

Qué faren d’al Couderlou ?

 

D’aquél paouré passérou.

 

Pot pas essé décourat

 

Tant qué n’és pas déspoupat.

 

 

 

9.

 

Countro l’Barou Amédée

 

Boyanie é Sabatié,

 

Mal bistés à Mazamet

 

Faran pas eün cabusset.

 

 

 

10.

 

Régrétas moussu Xaourès

 

Qué léou sara pas pus rès.

 

Carmoous s’en és dégoustat

 

Bésoun qu’és trop exaltat.

 

 

 

11.

 

Las gleïzos abio attaquat

 

Ne séra pas pardounat,

 

D’aquélo séparatiou

 

N’aoura uno inditzestiou.

 

 

 

12.

 

Et per touto counclusiou

 

D’aquesto bello électiou

 

Lés dous Barous gardaren

 

Per réprésenta l’Départomén.

 

 

 

L. du M.

 

 

 

Nous voulons le Baron

 

 

 

Refrain : « Nous voulons le baron (bis),

 

Celui-là sera notre homme,

 

Nous voulons le Baron (bis),

 

Reille, notre défenseur.

 

 

 

1/ Citoyens, nous sommes convoqués, Pour nommer un député. Venez tous écouter, la chanson que nous allons chanter. 2/ Millau, ne te rebutes pas, De courage, ne manques pas : Tu es sûr que le baron, Te fera manger un melon (jeu de mots avec Mélou, près de Castres ?) 3/ A la Chambre tu ne peux pas aller, Tu ne sais pas assez bien parler. A Vielmur tu resteras, Toujours tu mettras des dindes à pondre. 4/ Nous te plaignons bien, pauvre Bès, Qui t’en vas tout de travers. Pour renverser le baron, Tu es encore trop petit. 5/ A l’Inventaire tu es allé, Tu étais comme un enragé, Avec tout ce qu’il y a de voyous, Pour assommer le baron. 6/ Des mensonges tu as dégueulé, Tu en seras récompensé. Personne ne sera étonné, Si tu as un bureau de tabac. 7/ La veste que tu ramasseras, Sur ta malle tu la mettras. Si par hasard elle ne te va pas, Caraguel la mettra à ta mesure. 8/ Que ferons-nous du petit marchand de peaux ? De ce pauvre passereau. Il ne peut pas être décoré, Tant qu’il n’est pas sevré. 9/ Contre le baron Amédée, Boyanié et Sabatié, Mal vus à Mazamet, Ne feront qu’une culbute. 10/ Regrettez monsieur Jaurès, Qui bientôt ne sera plus rien. Carmaux s’en est dégouté, ils voient qu’il est trop exalté. 11/ Les églises il avait attaquées, Il n’en sera pas pardonné. De cette séparation, Il aura une indigestion. 12/ Et pour toute conclusion, De cette belle élection, Nous garderons les deux barons, Pour représenter le département.

 

Écrire commentaire

Commentaires: 0